L’architecture, le patrimoine et l’urbanisme comme thèmes de recherche

CONCEPTION D'UNE MAQUETTE POUR LA SALLE D'INTRODUCTION DU MUSÉE CARNAVALET À PARIS

Le Musée Carnavalet à Paris a réouvert en 2021 suite à un vaste projet de rénovation engagé dès 2016. Les nouveaux aménagements selon le projet de l’agence Chatillon Architectes, associée à Snøhetta et à l’Agence NC (Nathalie Crinière), comprenaient la création de galeries d’introduction, présentant entre autre dans une salle spécifique l’histoire des bâtiments abritant le musée puis son histoire. Point d’orgue de cette présentation, une grande maquette d’ensemble du musée devait venir occuper le centre de cette salle. Le but de cette maquette était tout particulièrement de faire comprendre au public dès le début de la visite la configuration particulière du musée, installé dans deux hôtels particuliers, l’Hôtel Carnavalet et l’Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, séparés par le lycée Victor Hugo mais reliés par une galerie traversant les bâtiments du lycée.

J’ai eu le plaisir d’être mandaté par l’Établissement Public Paris Musées en charge de la rénovation du musée pour m’occuper de la conception, de l’établissement du dossier d’Appel d’Offres, puis du suivi de réalisation de cette maquette d'exception.

Pour un tel objet, nécessairement d’une grande qualité esthétique du fait de son importance dans la muséographie, l’utilisation du bois est vite devenue une évidence, des variations d’essence permettant de différencier facilement ce qui appartient au musée de ce qui tient de l’environnement urbain et du lycée. L’îlot du musée est montré en totalité, avec le jardin public attenant, le cadrage montrant l’amorce des rues alentour pour replacer le musée dans son contexte urbain du Marais parisien. Pour que les bâtiments du musée restent facilement visibles, les immeubles bordant les rues attenantes ne sont représentés que par une légère surépaisseur de bois marquant leur emprise. 

La maquette réalisée et présentée en salle

La qualité de l’interprétation et de la représentation des détails architecturaux et de la statuaire était primordiale. Il s’agissait d’une part bien évidemment de respecter l’architecture et les spécificités des deux hôtels particuliers abritant le musée. Mais il s’agissait d’autre part de montrer avec précisions les éléments architecturaux provenant d’autres bâtiments parisiens démolis et intégrés aux façades et jardins du musée : arc de Nazareth datant du 16ème siècle, pavillon des Drapiers du 17ème, pavillon de Choiseul du 18ème siècle, statue de Louis XIV par Antoine Coysevox, le relief d’Henri IV par Lemaire, etc… Ce dernier point était particulièrement pour l’équipe de conservation, qui désirait pouvoir se servir de la maquette comme support d’explication et d’identification de ces éléments « rapportés ». Une liste précise a d’ailleurs été établie, pour qu’aucun de ces éléments ne manquent dans la réalisation finale. 

Aussi, pour pouvoir juger de la qualité esthétique, de la justesse de l’interprétation de l’architecture et de l’adéquation des techniques proposées dans les différentes réponses, dès l’appel d’offre, des échantillons ont été demandés, échantillons montrant à la fois les différentes essences de bois proposées et un fragment de façade à reproduire. Il ne s’agissait bien évidemment que d’un premier jet, à préciser avec l’entreprise qui serait retenue, mais cette étape permettait dès l’appel d’offre de juger de la direction prise pour la réalisation. 
Échantillons transmis par l'ETSAV

A l’issue de l’appel d’offre, c’est l’atelier de maquettes de l’ETSAV de Barcelone qui a été retenue, leur réponse montrant leur capacité à répondre au mieux aux attentes. Et le résultat est largement la hauteur des attentes.

La maquette est en bois, jouant sur l’utilisation de deux essences différentes, un bois clair, le bouleau, pour les bâtiments du musée, et un bois foncé, le noyer, pour le lycée et les îlots environnants. Elle est composée d’un assemblage de plaques de bois sculptées dans la masse mécaniquement après modélisation 3D sur Rhino, l’ensemble donnant l’impression recherchée d’une maquette en bois massif. Les éléments de ferronnerie extérieure à reproduire (garde-corps ouvragés, grilles) sont réalisés en découpe chimique de métal, la finesse de cette technique s’associant parfaitement au bois. La statuaire est réalisée à partir de modélisation 3D reprises et ajustées pour correspondre au mieux aux sculptures et décors à figurer.

Il est à noter que les toits sont lisses et ne présentent aucune modénature. C’est un choix volontaire. Texturer le toit, très visible sur une maquette à cette échelle, le rendrait trop présent alors que l’attention doit porter sur les façades et leur modénature. Ensuite, cette option renforce l’impression de maquette en bois massif. 

Processus de fabrication
Montage et finition


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