MAQUETTE DU NARKOMFIN DE MOSCOU POUR LE FAMILISTÈRE DE GUISE
Ce projet de maquette du Narkomfin à Moscou par Ginzburg s’intègre à un programme de réalisations de cinq maquettes produites dans le cadre des nouveaux aménagements muséographiques du Familistère de Guise, aménagements ouverts au printemps 2010.
L’idée de cette maquette trouve son origine dans une proposition des architectes muséographes Béatrice Jullien et Catherine Frenak de développer le thème «Des Machines à habiter ensemble» dans les nouvelles présentations du Familistère de Guise en associant aux collections centrées sur le Pavillon Central du Familistère et les dispositifs techniques et architecturaux constitutifs de l’unité d’habitation familistérienne, une série d’autres exemples de bâtiments projetés et construits selon des logiques équivalentes. Pour faciliter la comparaison ou l’établissement de lien entre ces différents projets, ces exemples seraient tous présentés sous forme de maquettes, conçues selon les mêmes principes, réalisées à la même échelle et dans les mêmes matériaux. La maquette du Narkomfin à Moscou par Ginzburg, de même que celle de l’Unité d’habitation à Firminy par Le Corbusier, seraient les premiers exemples de cette série, amenée à s’enrichir par la suite.
Selon cette approche, ma mission a consisté dans un premier temps à définir les codes et logiques de représentations des bâtiments dans cette série. Il fallait entre autres prendre en compte le coût de telles réalisations, ces maquettes n’étant pas initialement prévues au programme. Aussi très vite s’est imposé l’idée de ne faire réaliser pour chaque bâtiment qu’une seule maquette d’ensemble, à une échelle relativement petite, afin de donner au visiteur une vision générale de l’opération. Mais ces maquettes seraient partiellement ouvertes selon un principe d’écorché à étudier pour permettre de comprendre l’organisation intérieure du bâtiment. Par ailleurs, pour faciliter la comparaison des projets entre eux, les maquettes seraient toutes monochromes. Finalement, l’échelle du 1/100 été choisie, car elle est suffisamment grande pour permettre au visiteur d'avoir une vision claire de l'organisation intérieure et la composition de la volumétrie tout en permettant une simplification des détails et en limitant l’encombrement et le coût des maquettes.
Cette logique étant définie, mon travail a ensuite été d’établir les plans précis de chaque maquette. Il est en effet intéressant, pour des séries de maquettes de ce type, de redessiner les plans du bâtiment afin de fournir au maquettiste, non pas les plans de l’architecte, mais les plans de la maquette, réinterprétation des plans du bâtiment réel par un même concepteur en fonction de l’échelle, des objectifs de la maquette et de la grille de lecture établie pour la série de maquettes. On peut ainsi, dès l’établissement des plans de la maquette, faire des choix sur les points et détails utiles au propos, et proposer des réinterprétations de ces points en fonction des objectifs. Ce travail peut bien sûr se faire plus tard, en cours de réalisation de la maquette, et il doit de toute façon être adapté en accord avec le maquettiste une fois que celui-ci a été retenu. Mais il est souvent préférable d’y avoir déjà réfléchi avant de choisir le maquettiste, afin de ne pas ensuite être limité par un coût engagé, ou des délais de réalisation établis.
Il était d’autant plus nécessaire dans le cas de la maquette du Narkomfin pour des raisons de manque d’informations concernant le bâtiment réel. En effet, les plans originaux se sont avérés incomplets ou difficiles à obtenir. Par ailleurs, le bâtiment a été modifié alors que l’idée était de le représenter dans son état d’origine. Aussi un travail de reconstitution précise basé sur les documents disponibles était-il nécessaire en préambule à la réalisation de la maquette. Pour le Narkomfin, cette hypothèse est le résultat d’un travail de synthèse entre les quelques plans originaux conservés à la Fondation Le Corbusier (plans des niveaux principaux hors terrasses et coupes) et ceux fournis aimablement par Docomo (façades reconstituées et plans de niveaux et coupes), croisés aux informations données par des photographies anciennes et actuelles du bâtiment.
Proposition de reconsitution de l'état original du Narkomfin
Enfin, il était utile de préciser avant la mise en fabrication de la maquette l’emplacement et le détail de l’écorché en fonction des objectifs de la maquette. Pour le Narkomfin, l’écorché s’inspire d’une axonométrie de Ginzburg, une échancrure dans le bâtiment montrant le détail des trois types d’appartements.
Schéma de principe de l'écorché et transposition finale dans le projet de maquette
Au final, la maquette offre 3 faces complètes, à l’Est, au Nord et au Sud du bâtiment, ce qui permet au visiteur d’avoir sur ces côtés une vision d’ensemble du bâtiment. L’écorché est situé sur la façade Ouest, et s’ouvre sur tous les niveaux du bâtiment. Il s’étend sur 4X2 trames, afin de montrer au mieux les différents types de logements et le principe de répétition de ces logements (3 pièces des R+1 et R+2 sur 2X2 trames, 2 pièces des R+3 et R+4 sur 2X2 trames). À chaque niveau, les murs refends sont montés sur toute la hauteur de l’étage, pour bien définir l’espace des appartements, et marquer l’importance de la trame structurelle.
La maquette photographiée en salle
Coupe schématique du Narkomfin
Schéma d'organisation des appartements
Sur la base des plans établis dans cette phase de préparation, la maquette, comme toutes celles de ce programme de réalisation de maquettes, a été superbement réalisée par l’atelier de l’ETSAV à Barcelone, sous la direction d’Angel García et Laura Baringo. Comme celle de l’Unité d’habitation de Firminy, elle est réalisée en polystyrène et polyuréthane, certains détails étant réalisés en métal découpé chimiquement. Les deux maquettes sont disposées sur des socles isolés, en milieu de salle et protégés par des capots. Le mobilier est étudié pour que la partie en écorché de la maquette soit bien visible.
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