LA VILLA MAJORELLE ET LA SÉRIE DE MAQUETTES DE MAISONS PARTICULIÈRES POUR LA CITÉ DE L’ARCHITECTURE
Cette maquette de la Villa Majorelle par Henri Sauvage à Nancy fait partie d’une série de 13 maquettes de maisons particulières présentées dans la galerie moderne et contemporaine de la Cité de l’architecture et du patrimoine.
Avec deux autres maquettes, celle de la Villa Seynave par Jean Prouvé et Neil Hutchinson à Grimaud et celle de la Maison Quéré par Roger Le Flanchec à Ploumoguer, elle complète une première série de 10 maquettes réalisées entre 2004 et 2007 et qui comprenait déjà des bâtiments tels que:
- la Villa Garnier par Charles Garnier à Bordighera
- le Castel d'Orgeval par Hector Guimard à Villemoison-sur-Orge
- la Villa Tzara par Adolf Loos à Paris.
- la Maison de verre par Pierre Chareau à Paris
- la Villa Cavrois par Rob Mallet-Stevens à Croix
- la Villa Savoye par Le Corbusier à Poissy
- la Maison Bloc par André Bloc à Meudon
- la Maison Drusch par Claude Parent à Versailles
- la Maison du Rouréou par Antti Lovag à Tourettes-sur-Loup
- la Maison Lemoine par Rem Koolhaas à Florian
Villa Garnier par Tony Garnier à Bordighera - 1872 |
Castel d'Orgeval par Hector Guimard à Villemoison-sur-Orge - 1905 |
Maison Quéré par Roger Le Flanchec à Ploumoguer - 1969 |
C’est sur leur proposition que ces maquettes ont été réalisées pour l’essentiel en corian, matériau synthétique jusqu’à présent peu utilisé en maquette. Pour présenter cette série d’architectures diverses, construites sur une période couvrant plus d’un siècle, nous cherchions en effet un matériau contemporain, inédit et que l’on puisse aisément associé à d’autres matériaux et techniques contemporaines plus courantes, comme le plexiglas ou le métal photo découpé. Travaillé à la machine ou parfois sculpté à la main, le corian s’avéra un choix intéressant, sa souplesse permettant de réaliser précisément certains détails qu’il aurait été difficile de reproduire autrement. On peut cependant regretter son peu d’opacité dans des faibles épaisseurs, caractéristique intéressante, mais qui a parfois nécessité de recourir à certains artifices.
Ces principes étant établis, mon travail a consisté, comme pour la plupart des projets de maquettes de la Cité, à établir et redessiner l’ensemble des plans de chaque maquette. Là encore en effet, il était important de fournir au maquettiste, non pas les plans de l’architecte, mais les plans de la maquette, réinterprétation des plans du bâtiment réel par un même concepteur, plans redessinés à la même échelle et selon les mêmes codes et la même grille de lecture. Travail passionnant, cette phase de dessin en amont de la fabrication était d’autant plus nécessaire que, suivant les cas, les données nécessaires à la réalisation des maquettes étaient plus ou moins complètes. Par ailleurs, dans d’autres cas, les bâtiments ont été modifiés au cours des années, ou réalisés différemment du projet de l’architecte, alors que l’objectif de la série est de montrer le bâtiment tel qu’il était à l’origine, ou tel qu’il aurait dû être.
Ma mission comprenait aussi le suivi de réalisation de ces maquettes. Pour chaque maquette, cette phase débutait par la validation des types de rendus de matières et détails spécifiques à chaque architecture, sur proposition des maquettistes et en accord avec l’équipe de la Cité. Comme toujours, ce travail de mise au point a été l’occasion d’un dialogue enrichissant issu de la relecture du projet par les maquettistes, de leurs propositions, et nos propres objectifs. Rapidement, sur la base d’échantillons, une gamme de matières et types de rendus a été établie, vocabulaire commun qui a servi l’homogénéité de l’ensemble de la série.
La Villa Majorelle, merveilleusement réalisée en corian et métal photo découpé par l’atelier Carrafont, est un parfait exemple du travail réalisé pour ces maquettes de maisons.
Dans un premier temps, il a fallu proposer une restitution de l’état d’origine de la villa, sur la base des documents disponibles (relevés de l’état existant par l’architecte des monuments historiques en charge du bâtiment, photographies et documents anciens divers). En effet, il n’existe malheureusement pas de plans d’origine de la Villa Majorelle alors que le bâtiment a été modifié plusieurs fois depuis sa construction: ajout d’une véranda sur la terrasse extérieure prolongeant le porche situé au rez-de-chaussée sur la façade nord, construction d’une pièce supplémentaire sur la terrasse orientée au sud de l’atelier situé au deuxième étage, suppression de l’arc-boutant de la façade sud, agrandissement des fenêtres des salles de bains sur les façades nord et sud, suppression d’un chien-assis sur la façade nord au niveau de l’atelier, etc… Aussi les plans établis, dont on trouvera des exemples ici, corrigent-ils ces modifications.
Villa Majorelle - Exemple de plans établis pour la maquette |
Villa Majorelle - Planches de détails établies pour la maquette |
La phase suivante de la réalisation a consisté à réaliser des échantillons, fragments de façades destinés à fixer l’interprétation des principaux détails architecturaux. En effet, il était nécessaire de trouver une expression, une écriture, qui, croisée avec les contraintes techniques de réalisation, rendrait au mieux l’esprit de cette architecture complexe. Pour la Villa Majorelle, dernière de la série, cette écriture reprend les principes établis sur les autres maquettes, mais superbement adaptés à ce cas particulier. Elle est en cela un exemple remarquable du travail réalisé par les maquettistes.
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