Enseignement

COURS DE MAQUETTE À L'ENSAD 

Depuis 2016, j’ai le plaisir d’occuper le poste de professeur vacataire de maquette à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris pour le secteur Architecture Intérieure pour les 2ème, 3ème, 4ème et 5ème années et, pensant trois années, pour les 2ème et 3ème années du secteur Scénographie. Cette expérience en tant qu’enseignant de cet outil au service du projet me tenant particulièrement à coeur est bien évidemment très enrichissante. 

La maquette, outil central de conception et de présentation du projet 

Le but de cet enseignement est de familiariser l’étudiant à l’outil maquette, qu’il doit s’habituer à envisager comme un outil majeur du processus de conception ainsi que comme média efficace d’analyse, d’expérimentation et de présentation du projet. Il doit réaliser que la maquette physique reste aujourd’hui encore un outil facile de mise au point et de transmission des concepts architecturaux. Il doit aussi comprendre qu’elle doit être appréhendée et conçue en fonction de son objectif et de son utilité dans le projet. 

Selon cette logique, le cours accompagne bien évidemment l’enseignement du projet, les exercices demandés s’appuyant sur les besoins du projet (maquette analytique, maquette de rendu). Mais il s’appuie aussi autant que possible sur les travaux réalisés dans d’autres matières comme le dessin ou le relevé. Cette approche globale doit permettre à l’étudiant d’envisager ces diverses techniques comme des outils complémentaires au service de son projet. 

Année 2018-2019 / Exercice conjoint Représentation / Maquette / Projet
Réalisation de maquettes du Palais de la Porte Dorée à partir de relevés réalisés sur place
Maquettes d'Alisson Burnier et Elisa Milliancourt (à gauche), 
Kunchor Coi et Heewon Lee (au milieu) et 
Valentin Chauveau et Sami Hay-Chéhade (à droite)

Le cours est par ailleurs essentiellement basé sur les techniques simples et classiques que sont l’utilisation des cartons et papiers découpés manuellement, auxquels peuvent venir s’ajouter bien évidemment ponctuellement d’autres matériaux ou des techniques plus complexes comme la découpe laser ou l’impression 3D. Cette focalisation du cours sur les techniques classiques et d’accès facile est néanmoins volontaire. D’une part, elle doit permettre à l’étudiant de se libérer de la tentation de s’orienter trop rapidement vers des techniques à la mise en œuvre complexe qui risquent de le figer trop tôt dans des solutions où la technique de représentation prendrait le dessus sur le processus de conception. D’autre part, la manipulation directe de matériaux réels et concrets incite à une bonne préparation avant passage en réalisation, logique qui s’avère utile dans tout projet et que la maquette permet d’expérimenter. 

Selon cette double démarche, les sujets d’exercice de ce cours de maquette évoluent donc d’année en année suivant les projets et enseignements auxquels ils s’adaptent. 

Cours de 2ème année 

En 2ème année, une première partie du cours comprend la réalisation d’une maquette précise au 1/100ème d’un bâtiment iconique de l’histoire de l’architecture contemporaine sur la base d’un dossier de plans et documents graphiques divers fourni aux étudiants. Outre l’apprentissage technique, cet exercice introductif a aussi pour objectif d’exercer l’étudiant à la visualisation et la compréhension des volumes et des espaces à partir de documents graphiques en lui demandant de construire en volume sous la forme d’une maquette ce qu’il comprend de l’architecture à reproduire au travers des éléments graphiques transmis. Cet exercice identique pour tous les étudiants de l’année a par ailleurs l’intérêt de faire un point sur le niveau d’appréhension de l’outil maquette par chacun des étudiants à leur entrée dans le secteur, tous arrivant d’horizons divers. 

Exemples de maquettes de la Villa Savoye réalisées par les étudiants
Maquettes de Cyril Adam (à gauche), Éloïse Lemerle (au milieu)
et Fanny Dogué-Jolifié (à droite)

La seconde partie du cours s’appuie ensuite sur les travaux réalisés dans l’enseignement de la couleur de Blandine Bontour, la maquette servant de support à l’exercice. Suivant le sujet du cours de couleur, le cours comprend la réalisation d’une maquette à grande échelle, cette maquette permettant à l’étudiant d’expérimenter en volume son travail de la couleur et de faire évoluer son projet en fonction de ce qu’il voit en maquette. 

Suivant le sujet de l’exercice du cours de couleur, le travail demandé a pu comprendre la réalisation en maquette d’un petit pavillon, plans préparatoires compris, ou la réalisation en maquette d’espaces existants à partir de documents graphiques fournis. 

Année 2019-2020 / Exercice conjoint Couleur / Maquette
Création d'un pavillon expérimentant une gamme colorée mise au point par l'étudiant
Extraits des travaux de Capucine Chesse (en haut), Fanny Dogué-Jolifié (au milieu) et Romane Roche (en bas)

Année 2021-2022 / Exercice conjoint Couleur / Maquette
Mise en couleur de la Villa Cavrois selon une gamme colorée mise au point par l'étudiant
Extraits des travaux de Lexia Campo

Cours de 3ème année 

En 3ème année, le cours de maquette s’appuie davantage sur les exercices réalisés dans d’autres matières, en projet ou en représentation. Les exercices varient donc d’année en année. 

Ainsi par exemple, en 2021, le cours a porté sur l’accompagnement des étudiants pour la réalisation de maquettes à grande échelle des projets conçus l’année précédente sous la direction de Stephan Zimmerli, ces maquettes devant ensuite être présentées dans le cadre d’une exposition en plein air à la fondation Carmignac sur l’île de Porquerolles. Il a donc s’agi de déterminer avec les étudiants les maquettes correspondant au mieux au concept de leur projet, tant en termes de cadrage et niveau de détail que de matériaux, puis de les guider dans la réalisation de ces maquettes. Cet exercice particulier a rejoint en cela un des buts de cet enseignement de la maquette, à savoir apprendre à imaginer, concevoir puis réaliser une maquette en fonction de l’objectif et de l’utilité qu’on lui donne, sans oublier les phases préparatoires à la réalisation finale que sont la préparation de plans servant de support à la réalisation ou d’échantillons et tests de montages. 

Année 2020-2021 / Exercice conjoint Projet / Maquette
Réalisation des maquettes des projets conçus en cours de projet
pour leur présentation dans une exposition en plein air à la fondation Carmignac
Projets des étudiantes Jialing Li (en haut - maquette en céramique)
et Romane Roche (en bas - maquette en plâtre céramique)

En 2022, le cours s’est appuyé sur un exercice de représentation réalisé sous la direction d’Olivier Werner qui avait demandé aux étudiants, à partir de scènes d’intérieur tirées de films de reconstituer le plan et des coupes des appartements utilisés comme décor. Sur cette base, le cours a consisté à demander aux étudiants de reconstruire en maquette le plus précisément possible les espaces montrés dans le film, selon un angle de vue choisi correspondant à un plan du film, le but final étant de comparer plan du film et vue de la maquette. Il s’agissait cette fois d’amener l’étudiant à comprendre et reconstituer un espace en fonction de ce qu’il perçoit, puis de le retranscrire, en dessin d’abord, en maquette ensuite. 

Année 2021-2022 / Exercice conjoint Représentation / Maquette
Reconstitution en dessin puis en maquette de décors de films
Extraits des travaux de Sacha Bernard et Mathilde Serre
pour le film "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes" (2 images du haut)
et de Daphné Baillergeau pour "Cuisine et dépendances" (2 images du bas)

Cette exercice complet rejoignait d’ailleurs un autre exercice équivalent réalisé en 2017 en cours de maquette pour le secteur Scénographie, exercice où les étudiants devaient construire une maquette à partir d’une vue d’intérieur du peintre danois Hammershøi, puis de comparer maquette et tableau d’origine. Outre une compréhension des détails de la décoration de l’appartement à partir du jeu des ombres et des lumières sur les moulures et lambris, une des particularités de ce travail était aussi d’amener l’étudiant à comprendre l’espace correspondant à la vue à reproduire en s’appuyant sur les autres tableaux du peintre représentant le même appartement selon des angles différents. 

Année 2017-2018 - Cours de maquette en Scénographie
Construction d'une maquette à partir de tableau du peinte Hammershøi
Exemples des travaux de Jules de Guibert et Timothée Lambert (en haut)
et de Cécile Boos et Charlène Dominguez (en bas)

Cours de 4ème année

En 4ème année, le cours s’appuie davantage encore sur les travaux réalisés en cours de projet sous la direction de Catherine Frenak, la maquette servant de support et mise en volume du projet aux différents stades de son avancement, ou d’élément d’analyse du site d’intervention. Cette approche globale doit permettre à l’étudiant d’envisager la maquette comme un outil complémentaire au service de son projet, mais en l’incitant toujours à l’intégrer au plus tôt au processus de conception. 

En fin de projet, le cours accompagne l’étudiant dans le choix et la réalisation de la maquette finale la plus adéquate pour présenter au mieux son projet et ses idées. 

Année 2020-2021 / Exercice conjoint Projet / Maquette
Réalisation des maquettes des projets conçus en cours de projet
Projets des étudiants Capucine Goguet (en haut) et Sami Hay-Chéhade (en bas)
pour un musée à La Défense

Cette démarche se retrouve l’année suivante, en 5ème année, pour l’accompagnement des étudiants diplômables.
 

L’architecture, le patrimoine et l’urbanisme comme thèmes de recherche

CONCEPTION DE DEUX MAQUETTES DES HANGARS À DIRIGEABLE DE E.FREYSSINET À ORLY

Dans le cadre de l’enrichissement des collections de la Galerie Moderne et Contemporaine, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine désirait réaliser une maquette des Hangars à dirigeables conçus et construits sous la direction d’Eugène Freyssinet à Orly entre 1921 et 1923. Remarqués dès leur construction tant pour la prouesse technique de leur réalisation que pour leur qualité esthétique, ces deux gigantesques bâtiments jumeaux ont immédiatement été considérés comme une évidente réussite et ont marqué l’histoire de l’architecture en béton. 


Pour rappel, ces vastes structures en béton avaient été construites à l’issue d’un concours lancé par le génie civil pour la réalisation de hangars à dirigeables de 300m de long avec un espace intérieur suffisant pour contenir un volume libre ayant pour gabarit un demi-cercle de 25 m de rayon posé sur un rectangle de 25x50 m, ces hangars devant servir à abriter deux Zeppelins allemands que la France avait obtenus au titre de dommage de guerre. Les bâtiments monolithiques proposés par les Établissement Limousin et Cie avaient retenu l’attention de l’État par le procédé innovant et la mise en œuvre rapide proposés, qui, du fait de leur efficacité, permettaient une réalisation à un coût moins élevé. Ces procédés avaient été mis au point par Eugène Freyssinet (1879-1962), qui par cette réalisation s’affirmait comme un grand constructeur. Le mode de réalisation mis en œuvre ici, caractérisé par un cintre roulant, illustrait ce que Freyssinet considère comme la démarche la plus pertinente, pour qui l’ouvrage doit être pensé en fonction des méthodes et des moyens les plus adéquats pour le réaliser. A l’époque, ce procédé avait permis de réaliser un record tant en termes de dimensions du bâtiment réalisé que dans le faible volume d’utilisation du béton, du peu de main d’œuvre nécessaire ou de la rapidité d’exécution. 

Malheureusement détruits par des bombardements en 1944, les hangars d’Orly restent encore aujourd’hui emblématiques par leur conception structurelle innovante. A ce titre, ils avaient donc tout naturellement leur place au sein de la galerie d’architecture moderne et contemporaine de la Cité de l’architecture.

C’est de la mise au point de ce projet de maquette que j’ai donc été chargé par la Cité de l’Architecture et du Patrimoine sous la direction de Stéphanie Quantin-Biancalini, conservateur du Patrimoine et d’Émilie Régnault, attachée de conservation adjointe au conservateur, ma mission allant cette fois encore de la conception du projet (proposition de principes, de cadrages), de la réalisation des plans de la maquette, de la réalisation du dossier d’appel d’offres puis du suivi de réalisation. Du fait des orientations données par la Cité, dans le cas présent, l’élaboration des plans s’avèrera comme on le verra plus loin particulièrement importante. 

Les demandes de la Cité concernant la maquette étaient principalement de trois ordres :
  • D’une part, établir un projet de maquette mettant en avant la prouesse technique que constituait la réalisation des hangars d’Orly sous la forme d’une maquette spectaculaire destinée à être un objet majeur de la collection. La proximité dans les présentations de la galerie moderne et contemporaine de la Cité d’une magnifique maquette d’étude en soufflerie de la voûte du CNIT fixait un objectif en termes d’ampleur et de qualité esthétique de l’objet à réaliser.
  • Ensuite, pour expliciter les principes mis en œuvre pour la construction des hangars, montrer le bâtiment en phase de construction en détaillant le chantier, un peu comme ce qui avait était fait pour la maquette du Crystal Palace présente dans les collections.
  • Enfin, autant que possible, pour être au plus près de la réalité constructive des hangars, réaliser la maquette en béton ou dans une technique s’en rapprochant, réaliser cette maquette dans un matériau synthétique n’ayant aucun sens. 
Pour répondre à cette demande, j’ai très vite proposé de ne pas faire qu’une maquette mais deux. En fait, pour être spectaculaire et suffisamment précise pour montrer l’organisation du chantier, vu les dimensions des bâtiments, une maquette des hangars d’Orly ne pouvait être que partielle, ne montrer qu’un fragment d’un hangar. Or il me semblait important de montrer l’ampleur du projet, que ce que l’on explicitait dans cette grande maquette partielle, l’apparente simplicité de la conception du projet et la technicité du chantier, avait permis la construction de deux grandes halles de 300m de long. Cela pouvait bien sûr par d’autres supports, des photographies par exemple, mais une maquette d’ensemble à une échelle plus petite me semblait préférable. Ce principe a été retenu et j’ai donc établi les projets définitifs et réalisé les plans des deux maquettes en fonction.

Plans d'ensemble des deux maquettes
A gauche la maquette au 1/100ème, à droite la maquette au 1/500ème

La première maquette partielle a donc été conçue à l’échelle relativement grande du 1/100ème, échelle testée en salle au moyen de formes découpées en carton à l’échelle de la maquette. De grandes dimensions, volontairement spectaculaire, elle s’inspire directement d’une photographie du chantier prise lors des toutes premières phases de la construction, quand seuls quelques arcs étaient déjà construits. Tout en restant fidèle à la réalité constructive des bâtiments et à la réalité du chantier, représenter un des deux hangars à ce stade de construction a plusieurs intérêts :
  • D’une part, montrer au visiteur plusieurs arcs déjà construits permet de faire comprendre l’ampleur, l’élégance et la finesse de la gigantesque structure en béton tout en illustrant la logique constructive basée sur la répétition d'un même élément pour constituer la voûte du hangar.
  • D’autre part, montrer un des deux hangars en chantier et évoquer suffisamment précisément au vu de l’échelle de la maquette les techniques de construction permet d’expliciter la corrélation entre la forme obtenue et les moyens techniques employés.
Cette première maquette présente donc une tranche de 8 éléments de la voûte en chantier et se compose comme suit :
  • A l’avant de la maquette, 4 arcs complets, terminés. Hauts à l’échelle de 60 cm environ, ils renforcent l’impression de prouesse technique que la maquette doit transmettre. Hauts et élégants, ils dessinent un vide impressionnant même en maquette.
  • A l’arrière, 4 pied-droits en attente du coulage des arcs, comme dans la réalité du chantier. Leur tranche supérieure révèle la finesse de la voûte en béton aussi fidèlement que l’échelle de la maquette le permet.
  • A l’arrière toujours, la coupe sur deux pied-droits s’inspirant de documents publiés à l’époque de la construction permet là encore de percevoir la finesse de la voûte béton. Cette coupe se prolonge dans l’épaisseur de la maquette par une représentation sommaire des fondations, montrant ainsi leur peu de profondeur.
  • Enfin, pièce peut-être tout aussi spectaculaire que les arcs de 60 cm, le cintre utilisé pour la construction des voûtes est représenté en totalité, en position levée, avec les coffrages nécessaires au coulage du béton sur un des versants. Cette représentation du cintre est importante car c’est elle qui rend compréhensible le lien direct entre technique de construction et forme. Le chantier est par ailleurs évoqué de manière schématique, des personnages permettant de donner l’échelle de la construction.
Extraits du carnet de plan de la maquette au 1/100ème
Maquette au 1/100ème en cours de finition

La seconde maquette d’ensemble est-elle au 1/500ème et montre les deux hangars finis. Cette seconde maquette a le double intérêt de rendre d’une part encore plus évidente l’ampleur des deux constructions, ce qui ne sera pas perceptible sur la grande maquette partielle au 1/100ème et d’illustrer davantage encore les principes constructifs basés sur la répétition d’un même élément quatre-vingt fois pour constituer les voûtes.

Extrait du carnet de plan de la maquette au 1/500ème
Maquette au 1/500ème en cours de finition

Établir les plans de ces deux maquettes a été un travail complexe, qui a nécessité de faire la synthèse de tous les éléments disponibles, tant graphiques ou photographiques que textuels et de les retranscrire graphiquement. L’existence d’un film réalisé pendant le chantier et conservé au Musée d’art moderne a été d’un grand secours pour comprendre la logique du chantier, son organisation et ses étapes et pour établir un scénario de reproduction schématique en présentant les éléments les plus significatifs. Ce film est d’ailleurs resté un élément de référence central pendant tout le temps de la réalisation des maquettes. Le scénario retenu a été de représenter un arc en phase de démoulage, ce qui a permis de montrer un maximum d’information : cintre en position haute, éléments de coffrage en place et stockés au sol en attente de la prochaine phase de coulage, grues de manutention, etc… Bien sûr, au vu de l’échelle, une simplification des détails a été nécessaire, mais cette simplification s’est faite dans le souci d’être le plus précis possible pour présenter un scénario cohérent à un temps donné du chantier. 

L’une des principales questions à résoudre une fois les plans établis restait néanmoins dans quel matériau réaliser la grande maquette. Si une réalisation en un matériau synthétique type résine, impression 3D ou plastique pouvait être acceptable pour la maquette au 1/500ème, elle restait comme on l’a dit plus haut tout à fait inappropriée pour celle au 1/100ème, pour laquelle le souhait de la Cité de l’Architecture de s’approcher au plus près de la réalité constructive du bâtiment réel orientait les choix techniques. Le béton, bien que tentant, apparût malheureusement comme trop grossier pour obtenir la finesse nécessaire pour une maquette à cette échelle mais d’autres techniques équivalentes restaient possibles.

Cette fois encore, c’est l’atelier de maquettes de l’ETSAV à Barcelone qui a été retenu à l’issue d’un appel d’offre comprenant la présentation d’échantillons, option retenue car permettant de s’assurer que les entreprises répondant à l’appel d’offre proposent dès ce stade des matières et des techniques correspondant aux attentes. 

La maquette au 1/100ème a finalement été réalisée en plâtre-céramique teinté, technique restant relativement proche de la réalité constructive (réalisation des arcs par coulage dans un moule) et permettant d’obtenir une matière se rapprochant du béton. Néanmoins, de nombreux essais furent nécessaires pour obtenir la bonne teinte et la bonne matière. Comme dans la réalité, la maquette est constituée d’arcs réalisés séparément et assemblés sur un socle commun, chaque arc étant coulé à part. Mais les différentes phases de moulage (modélisation 3D, réalisation de maître-modèles en polyuréthane, fabrication des moules en silicone, coulage des pièces en plâtre-céramique) s’avérèrent longues et complexes à mettre au point. Le résultat est néanmoins exceptionnel et à l’hauteur de l’engagement de l’équipe de maquettistes. 

Maquette au 1/100ème
Échantillons, maître-formes et tirages en plâtre-céramique

Une fois les arcs montés sur le socle, le cintre, les grues et les autres éléments du chantier ont pu être ajouté, donnant à la maquette son aspect définitif.

La seconde maquette d’ensemble est elle plus classique. Elle a été réalisée en polyuréthane usiné mécaniquement à partir de modélisations 3D, puis peinte.




L’architecture, le patrimoine et l’urbanisme comme thèmes de recherche

CONCEPTION D'UNE MAQUETTE POUR LA SALLE D'INTRODUCTION DU MUSÉE CARNAVALET À PARIS

Le Musée Carnavalet à Paris a réouvert en 2021 suite à un vaste projet de rénovation engagé dès 2016. Les nouveaux aménagements selon le projet de l’agence Chatillon Architectes, associée à Snøhetta et à l’Agence NC (Nathalie Crinière), comprenaient la création de galeries d’introduction, présentant entre autre dans une salle spécifique l’histoire des bâtiments abritant le musée puis son histoire. Point d’orgue de cette présentation, une grande maquette d’ensemble du musée devait venir occuper le centre de cette salle. Le but de cette maquette était tout particulièrement de faire comprendre au public dès le début de la visite la configuration particulière du musée, installé dans deux hôtels particuliers, l’Hôtel Carnavalet et l’Hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, séparés par le lycée Victor Hugo mais reliés par une galerie traversant les bâtiments du lycée.

J’ai eu le plaisir d’être mandaté par l’Établissement Public Paris Musées en charge de la rénovation du musée pour m’occuper de la conception, de l’établissement du dossier d’Appel d’Offres, puis du suivi de réalisation de cette maquette d'exception.

Pour un tel objet, nécessairement d’une grande qualité esthétique du fait de son importance dans la muséographie, l’utilisation du bois est vite devenue une évidence, des variations d’essence permettant de différencier facilement ce qui appartient au musée de ce qui tient de l’environnement urbain et du lycée. L’îlot du musée est montré en totalité, avec le jardin public attenant, le cadrage montrant l’amorce des rues alentour pour replacer le musée dans son contexte urbain du Marais parisien. Pour que les bâtiments du musée restent facilement visibles, les immeubles bordant les rues attenantes ne sont représentés que par une légère surépaisseur de bois marquant leur emprise. 

La maquette réalisée et présentée en salle

La qualité de l’interprétation et de la représentation des détails architecturaux et de la statuaire était primordiale. Il s’agissait d’une part bien évidemment de respecter l’architecture et les spécificités des deux hôtels particuliers abritant le musée. Mais il s’agissait d’autre part de montrer avec précisions les éléments architecturaux provenant d’autres bâtiments parisiens démolis et intégrés aux façades et jardins du musée : arc de Nazareth datant du 16ème siècle, pavillon des Drapiers du 17ème, pavillon de Choiseul du 18ème siècle, statue de Louis XIV par Antoine Coysevox, le relief d’Henri IV par Lemaire, etc… Ce dernier point était particulièrement pour l’équipe de conservation, qui désirait pouvoir se servir de la maquette comme support d’explication et d’identification de ces éléments « rapportés ». Une liste précise a d’ailleurs été établie, pour qu’aucun de ces éléments ne manquent dans la réalisation finale. 

Aussi, pour pouvoir juger de la qualité esthétique, de la justesse de l’interprétation de l’architecture et de l’adéquation des techniques proposées dans les différentes réponses, dès l’appel d’offre, des échantillons ont été demandés, échantillons montrant à la fois les différentes essences de bois proposées et un fragment de façade à reproduire. Il ne s’agissait bien évidemment que d’un premier jet, à préciser avec l’entreprise qui serait retenue, mais cette étape permettait dès l’appel d’offre de juger de la direction prise pour la réalisation. 
Échantillons transmis par l'ETSAV

A l’issue de l’appel d’offre, c’est l’atelier de maquettes de l’ETSAV de Barcelone qui a été retenue, leur réponse montrant leur capacité à répondre au mieux aux attentes. Et le résultat est largement la hauteur des attentes.

La maquette est en bois, jouant sur l’utilisation de deux essences différentes, un bois clair, le bouleau, pour les bâtiments du musée, et un bois foncé, le noyer, pour le lycée et les îlots environnants. Elle est composée d’un assemblage de plaques de bois sculptées dans la masse mécaniquement après modélisation 3D sur Rhino, l’ensemble donnant l’impression recherchée d’une maquette en bois massif. Les éléments de ferronnerie extérieure à reproduire (garde-corps ouvragés, grilles) sont réalisés en découpe chimique de métal, la finesse de cette technique s’associant parfaitement au bois. La statuaire est réalisée à partir de modélisation 3D reprises et ajustées pour correspondre au mieux aux sculptures et décors à figurer.

Il est à noter que les toits sont lisses et ne présentent aucune modénature. C’est un choix volontaire. Texturer le toit, très visible sur une maquette à cette échelle, le rendrait trop présent alors que l’attention doit porter sur les façades et leur modénature. Ensuite, cette option renforce l’impression de maquette en bois massif. 

Processus de fabrication
Montage et finition